La Française des Jeux remplace Rapido par Amigo
A compter de lundi 4 octobre 2010, la Française des Jeux accueillera un nouveau jeu de tirage. Baptisé Amigo, il remplacera Rapido lancé en 1999. Seules les régions de l’Alsace, Aquitaine, Charente, Charente-Maritime, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Somme et Territoire de Belfort pourront bénéficier d’Amigo dans un premier temps.
Jusqu’au mois de novembre 2011, les 21 départements choisis serviront de zone test avant une généralisation dans toute la France si les résultats sont probants.
Les tirages (toutes les 5 minutes entre 5 h et 23 h 55 soit 227 tirages par jour) donneront lieu à une retransmission télévisée dans les 2.000 cafés participants.
Le jeu consiste simplement à cocher 9 cases parmi les 45 proposées puis une case parmi 5 dans la partie jackpot. La mise de base a été fixée à 2 €. Les gains pour 9 bons numéros plus celui du jackpot s’élèvent à 250.000 € à partager parmi les gagnants du 1er rang.
Amigo, sept 2010
Les contradictions de la politique Jeu Responsable de la Française Des Jeux
Amigo, un clone du Rapido
Par Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN ( sociologue)
Le lancement d’Amigo, jeu permanent à tirage immédiat censé être moins addictif que le Rapido, dévoile les contradictions dans lesquelles se fourvoit l’opérateur historique. En finançant la doxa du jeu pathologie maladie la FDF a fait le lit des anti jeux sans pour autant résoudre l’antinomie de la question du Jeu Responsable. Après l’Arjel qui continue avec succès sa mission, il est donc grand temps que la nouvelle architecture du paysage ludique prévue par la loi sur les jeux en ligne soit installée, afin d’éviter à l’opérateur historique de faire constamment le grand écart et d’être en conflit d’interets
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Difficile de dire si la Française des jeux (FDJ) « joue gros » avec Amigo, le successeur annoncé du Rapido, comme l’a précisé dernièrement les Echos. Une chose est certaine le lancement de ce « nouveau » jeu apparaît singulier vu le contexte et les raisons ( officielles ou officieuses) qui poussent la FDJ à effectuer ce renouvellement.
Rapido était-il réellement obsolète ? Rien n’est moins sûr. Même si le CA de Rapido avait baissé de 30 % de 2007 à 2010, il était encore en 2009 un vrai jack pot pour la FDJ, le premier des jeux de l’opérateur historique (1,7 milliards d’euros) devant le Loto ( 1,6 ME)
Le lancement d’Amigo , qui a été testé dans quatre régions et sera présenté officiellement dans la ville de Martine Aubry le 4 octobre prochain avant d’être généralisé dans tout le réseau de la FDJ en 2011, appelle donc différents commentaires et une analyse critique.
Dans le domaine purement ludique ce nouveau jeu n’a rien de révolutionnaire, c’est un jeu de tirage immédiat. Il faut cocher quelques numéros sur une grille principale ( 9 sur une grille de 45) , un autre sur une grille jack pot et ensuite attendre le tirage qui apparaît sur un écran, comme pour le Rapido. Les caractéristiques socio ludiques générales d’Amigo sont en réalité les mêmes que celle de Rapido : temporalités ludiques, temps de jeu, fréquence des tirages ; espace de jeu de proximité accessible facilement
ÿ Amigo est, comme Rapido un jeu permanent comme l’aiment certaines catégories de joueurs, qu’on trouve aussi dans les points cours PMU, sur les hippodromes et dans les salles de machines à sous. Cette permanence du jeu ( chaque journée de tirage Amigo « s’ écoulera » sur une très longue plage ludique, de 5hoo du matin à 23h55) autorise des temporalités immuables et un jeu quasi permanent. Quand la FDJ avait lancé ce jeu en 1999 c’était pour concurrencer le jeu permanent qu’offre quotidiennement les casinos avec leurs bandits manchots, le PMU avec ses paris hippiques dans ses points courses ou sur les hippodromes. Avec cet avantage que les joueurs n’avaient pas besoin de se déplacer sur un hippodrome ou dans une exploitation pour s’adonner à cette passion ludique récurrente du Rapido. Ensuite il était beaucoup plus facile psychologiquement, culturellement pour une majorité de Français, d’aller jouer dans un bar Tabac Rapido que d’aller flamber dans un casino ou sur un champ de courses, espaces encore synonymes parfois d’enfer du jeu. Cette deux proximités ( géographique et psy-sociologique) expliquent le succès du Rapido, devenu le n° 1 des produits de la FDJ en quelques années.
ÿ Autre caractéristique de ce jeu simple – toujours sur le registre du temps – la fréquence. Comme Rapido, Amigo apparaît comme un jeu a très haute fréquence. Un tirage toutes les 5 minutes, soit le chiffre impressionnant de 227 tirages par jour ! On peut s’étonner que la FDJ lance un jeu à très haute fréquence alors qu’elle met soi disant en avant une politique de jeu responsable et raisonnable.Certes Rapido était encore plus rapide : un tirage toutes les deux minutes et demi ( !) mais sur le registre du temps les caractéristiques socio ludiques ethno et micro sociologiques d’Amigo sont en réalité les mêmes que celles du Rapido (qui contrairement à ce que son nom indiquait était un jeu très lent).
ÿ Amigo sera un jeu très lent comme Rapido car les joueurs qui jouent à ce jeu ( qui ne sont pas forcément des actifs) , outre l’argent viennent surtout acheter du temps, passer un moment ou tuer le temps. Mais ce temps immuable, répétitif ( qu’offre Rapido et désormais Amigo), n’est pas forcément ennuyeux pour le joueur car à chaque tirage : tout est possible. Cette ambivalence est caractéristique des perspectives existentielles qu’autorisent ces jeux permanents
En final malgré les discours de la FDJ, Amigo apparaît bien comme le clone de Rapido ( on ne change pas une formule qui marche si bien, ou alors à la marge) qui doit capter les 3 millions de joueurs de Rapido, et sans doute avec la volonté de Christophe Blanchard Dignac d’en capter beaucoup d’autres ( ce qui la aussi pose problème vis-à-vis du discours officiel du Pdt de la FDJ sur le jeu responsable)
D’autres raisons contextuelles ( conjoncturelles et structurelles) doivent donc être mentionnées pour expliquer ce renouvellement. Car les raisons officielles annoncées par la FDJ (1) dans ces communiqués de presse n’ont d’intérêt que d’un strict point de vue marketing ou pour créer le buzz et occuper les médias :
(1)
– « faire évoluer la clientèle en la féminisant et en la rajeunissant »
– « Amigo symbolise une nouvelle génération de jeux de tirage conçu comme un programme de divertissement ancré dans la convivialité
– « Amigo sera diffusé sera un canal de divertissement sur écran numérique accompagné d’un programme interactif ( information météo, quiz de culture) «
Toujours sur ce registre marketing signalons le nom de ce (faux) nouveau jeu : Amigo, qui signale d’évidence que la FDJ veut faire ami ami avec ses clients. Mais il n’est pas certain qu’un simple changement de nom suffise à redorer l’image d’un jeu qui, quand il se nommait Rapido, a été vilipendé comme très addictif par la doxa du jeu pathologie maladie, financée ( et nous avons dénoncé ce conflit d’intérêt dans de nombreux articles) par la Française des jeux elle même ! Rapido suggérait le gain rapide, immédiat ( rapido ça banque illico). Si Amigo apparaît comme un nom sympa, positif, consensuel, il comporte néanmoins un aspect démagogique et politiquement correct qui peut faire sourire .
Sur ce registre du jeu excessif signalons que la FDJ précise dans son communiqué que « ce nouveau concept Amigo a associé pendant deux ans les équipes créatives, les forces de vente, des joueurs et des non joueurs, des détaillants et….des experts du jeu responsable »
Avec cette dernière remarque nous sommes au cœur du cyclone qui signale :
ÿ le contexte du lancement d’ Amigo
ÿ les contradictions dans lesquelles se trouve la FDJ (vis-à-vis de ce jeu mais plus globalement vis à vie de sa croissance)
q Le contexte c’est bien entendu la question du jeu pathologique et la politique de jeu responsable de la FDJ qui devrait y remédier. En faisant ami ami avec la doxa du jeu pathologie maladie la FDJ, et ensuite en la finançant , la FDJ a cru faire un mariage de raison tout en répondant à une demande politique (nationale et européenne) en matière de santé publique. Elle en en réalité ouvert une boîte de Pandore. Sans preuve scientifique mais avec un grand battage médiatique, cette doxa très opportuniste (1) a réussi à faire apparaître Rapido comme un jeu très addictif obligeant l’opérateur a organisé ( en 2008) un Rapido pasteurisé mais ou les fondamentaux ludiques restaient inchangés. Cela n’a pas suffit à faire taire les critiques et le mal était fait. Malgré la baisse du CA de 30% ( due sans doute essentiellement à l’interdiction de fumée dans les cafés et à la crise économique) l’étiquette addictive reste collée au Rapido qui est montré du doigt par les politiques, les médias
q Le lancement d’Amigo met à jour les contradictions dans lesquelles se trouvent prise la FDJ : assurer de la croissance dans un univers de plus en plus concurrentiel dans le cadre d’une politique de jeu responsable. Il n’est pas du tout certain que l’opérateur sorte gagnant de cette quadrature du cercle improbable qui peut mécontenter tout le monde ( les anti jeu qui en demanderont toujours plus, la doxa du jeu pathologie maladie qui doit justifier son existence)
Certes la FDJ ne se contente pas de lancer de nouveaux jeux, elle tente depuis plusieurs mois de controler l’ensemble des éléments du dossier jeu responsable, comme si les choses n’avaient pas changé :
o Elle finance fortement la doxa du jeu pathologique maladie ( notamment le CHU de Nantes, Ladouceux/Lejoyeux à Bichat…) mais le conflit d’interet apparaît tellement grossier qu’il éclatera forcément
o Elle « commande » à l’AFNOR une norme sur le jeu responsable pour tenter d’influer la réglementation actuelle ou à venir qui relève des pouvoirs publics ( comme le précise le cahier des charges de l’Afnor/ Française des jeux : « quand une entreprise participe au développement de normes, elle se dote d’un levier pour orienter le marché en faveur des pratiques qu’elle juge préfèrable (..) et augmente ainsi ses parts de marché »
Mais les choses ont changé depuis la loi sur les jeux en ligne, la libéralisation des jeux qui à terme concernera également le gambling terrestre :
– au niveau concurrentiel la FDJ ( comme le PMU) l est désormais sous la surveillance de l’autorité de concurrence
– au niveau du jeu responsable et de la régulation, le projet de loi sur les jeux en ligne a prévu une nouvelle architecture ( commission consultative des jeux et observatoire des jeux) pour définir les règles , mesurer objectivement les conséquences positives et négatives du gambling, harmoniser une politique des jeux responsable mais qui respecte la liberté et favorise la concurrence
Il est donc grand temps que la FDJ s’adapte à cette nouvelle donne par une révolution culturelle et un changement de pratiques. Il est aussi grand temps que la nouvelle architecture prévue par le Sénat et l’Assemblée nationale soit installée. Cela évitera à l’opérateur historique de faire le grand écart et d’être pris dans ses contradictions chaque fois qu’elle lance un nouveau jeu.
Jp martignoni
Octobre 2010
(1) On s’aperçoit que la doxa du jeu pathologie maladie outre son caractère opportuniste et intéressé, à l’art de retourner sa veste …toujours du bon coté. Au départ c’était la roulette et le casino qui étaient les jeux les plus addictifs ( le mythe de l’enfer du jeu, le figure du joueur dostoïevskien canonisée par Freud) , ensuite on a eu les machines à sous ( le mythe du joueur onanistique, seul devant sa machine) et ensuite le Rapido ( qualifié « d’assommoir contemporain » dans un article du Monde diplomatique) et depuis quelques mois ce sont les jeux d’argent en ligne qui seraient le plus addictogènes. ( le joueur désocialisé, seul devant son ordinateur) avant que peut être Amigo ne le devienne. Méditons sur le caractère évolutiste/opportuniste et contradictoire du discours de la doxa du jeu pathologie maladie. Il faut réaliser des études pluridisciplinaires sur ces jeux sans a priori, et c’est à un observatoire des jeux de les réaliser et non à la doxa du jeu pathologie maladie de le faire car leurs réponses sont déjà incluses dans leurs hypothèses et leurs questionnements. Et comme on trouve forcément ce qu’on cherche…… cette position est scientifiquement et épistémologiquement très dangereuse.
Euromillions, aléatoire prépondérant, financement et instrumentalisation du jeu pathologie maladie, incitation au jeu accrue…
LA FRANCAISE DES JEUX SE CROIT TOUT PERMIS…ET ELLE SE PERMET TOUT
Jean-Pierre G. Martignoni-Hutin (sociologue)
L’affaire d’Euro Millions, qui a vu une joueuse déposer plainte contre la Française des jeux (FDJ) auprès de la Commission Européenne, dévoile beaucoup du vrai visage de l’opérateur historique. Si le journal le Parisien se fourvoie, quand il précise que « les chances de gagner à Euro millions ne sont pas les mêmes selon les pays », on peut s’interroger pour savoir pourquoi la FDJ limite le nombre de combinaisons en jeu multiples à 378 (pour 756 euros) alors qu’un joueur espagnol peut jouer 2520 combinaisons à Euro Millions en une seule fois ( pour 5040 euros). La FDJ souhaite t elle protéger les joueurs comme elle l’affirme : « nous souhaitons compliquer la vie du joueur excessif pour ne pas encourager les abus qui peuvent conduire à des addictions » ou instrumentalise t elle la question du jeu pathologie maladie pour éliminer les gros joueurs ou les regroupements de joueurs qui voudraient jouer gros jeu ? On peut sérieusement s’interroger.
Certes, certains seront choqués d’apprendre que des Français engagent autant d’argent dans Euro Millions. Mais après tout c’est leur choix. Arrêtons de tout moraliser dans une politique du care hypocrite et envahissante. Les Français ont plus besoin de millions que de conseils. Par ailleurs, à qui la faute ? Les discours de pompiers pyromanes, ça commence à bien faire. Ce sont les pactoles de plus en plus faramineux d’Euro Millions et les publicités omniprésentes de la FDJ, qui attisent les convoitises des Français (et des Européens ) qui peuvent percevoir ces jeux comme une forme de placement, certes à très haut risque, mais une forme de placement tout de même. Comme ils pensent qu’on ne prête qu’aux riches, et qu’on ne pardonne qu’aux riches ( cf affaire DSK) ils expérimentent cette maxime dans la sphère ludique. Les logiques internes à la praxis ludique indiquent que ce n’est pas forcément absurde de jouer gros jeu. Mais naturellement on peut gagner Euromillions en jouant… une seule grille à 2 euros.
À ceux qui voudraient jouer comme les Espagnols, la FDJ – cynique – indique « qu’ils peuvent toujours cocher 1260 grilles simples à 2 euros » ! Totalement absurde car strictement impossible à réaliser matériellement. L’opérateur se moque donc de sa clientèle. Il y a bien inégalité d’accès au jeu selon le pays où l’on habite. De fait, la FDJ empêche peu ou prou sa clientèle de jouer gros jeu à Euro millions alors que les Espagnols mais aussi dans une moindre mesure les Belges (1260 combinaisons possibles pour 2520 euros) et les Portugais ( 756 combinaisons possibles pour 1512 euros) peuvent le faire. Visiblement l’opérateur Français n’aime pas les gros joueurs ou les joueurs qui se regroupent pour jouer… forcément plus gros que s’ils jouaient individuellement. Bizarre. Si c’est par soucis de protéger le joueur, et si cela fait partie d’une politique de jeu responsable, que diable la Française des jeux ne l’a t elle pas annoncé avant, haut et fort ! C’est la suspicion légitime d’une joueuse qui a dévoilé l’affaire. A suivre car en l’absence d’autorité de régulation pour les jeux en dur et en attendant qu’un véritable observatoire scientifique des jeux se mettent au travail pour informer le Comite Consultatif présidé par F. Trucy, la vigilance est de mise. L’absence historique de transparence de la FDJ, son double langage, sa main mise sur les médias et les agences de presse autorisent une suspicion légitime.
Cette histoire rappelle l’affaire des jeux de grattage (dévoilée par un joueur qui jouait gros jeu, Robert Riblet) ou l’on voyait la FDJ inventer un concept – totalement inconnu en probabilité – d’aléatoire prépondérant, pour contrôler la distribution des gros gains de manière homogène sur tout le territoire. La FDJ manipulait avec un grand machiavélisme le hasard pour ses jeux de grattage et continue certainement à le faire en toute impunité. Elle cherche visiblement à contrôler la manière de jouer des joueurs. L’ensemble indique que l’opérateur historique plus que jamais se croit tout permis et se permet tout.
Sa politique en matière de jeu responsable est particulièrement représentative de cette omnipuissance. L’opérateur finance curieusement ses ennemis, les anti-jeu de la doxa du jeu pathologie maladie – notamment le centre du jeu excessif de Nantes (CRJE) dirigé par JL Vénisse – pour mieux les contrôler, mais dans le même temps se lance dans une course effrénée à la croissance jamais vue depuis sa création. La politique éthique mise en œuvre par Christophe Blanchard Dignac (PDG de la Française des jeux) a donc pour conséquence en réalité – sous couvert d’une lutte contre le jeu excessif et le jeu de mineur – de produire plus de jeu. Habile stratège – mais certains pourraient considérer cela comme de la duplicité – le patron de la FDJ a profité du débat sur le jeu pathologique, de l’inquiétude des pouvoirs publics en matière de santé publique, de la loi sur les jeux en ligne, non pour mettre la pédale douce en matière de développement mais au contraire pour accélérer fortement sa croissance par une incitation au jeu accrue. En final la politique jeu responsable mis en œuvre par la Française des jeux produire du jeu excessif… Les meilleures preuves de cette démonstration se situent dans les résultats de l’opérateur. En pleine crise économique il surperforme (+5,5 % en 2010) en dépassant pour la première fois la barre symbolique des 10 milliards. L’incitation au jeu est tel que la FDJ est même parfois – en fonction du calendrier politique – « gênée par son succès » comme l’a précisé France-Soir.
Pour allumer des contre feux vis-à-vis de cette incitation au jeu accrue, la FDJ pousse le bouchon de plus en plus loin dans le domaine du jeu responsable. La société dirigée par Christophe Blanchard Dignac a l’audace – ils se croient tout permis et ils se permettent tout – de lancer en juin 2011 « une campagne nationale contre l’addiction au jeu » Au même moment comme par hasard, Jean Luc Vénisse financé à hauteur de 2 millions d’euros par la FDJ (le site du CRJE est très discret sur ce financement) associé aux addictologues M. Reynaud et A . Belkacem sortent un fascicule : « Du plaisir du jeu au jeu pathologique, 100 questions pour mieux gérer la maladie» Et Michel Reynaud d’affirmer dans France-Soir du 6 juin 2011, après sans doute plusieurs mois d’études de terrain et d’études comparatives, que « de tous les opérateurs la Française des jeux est celui qui en fait le plus pour le contrôle et la prévention du jeu excessif. » La boucle est bouclée. La collusion d’intérêts marche à fond pour les deux parties. Plus c’est gros, plus ça marche. En cherchant bien on apprend que ce livre est publié et distribué via un mécénat …de la Française des jeux. La plupart des médias n’ont pas repris ce détail.
Comme le Centre du jeu excessif de Nantes a beaucoup d’argent, il faut bien qu’il le dépense. Il a lancé un enquête pour passer les « joueurs compulsifs à la loupe « . Marc Valleur, qui fait pourtant parti de l’Observatoire des jeux, participe à cette étude financée par la FDJ. Curieusement le CRJE semblent avoir du mal a recruté des joueurs compulsifs alors qu’ils affirment par ailleurs (dans une belle fourchette scientifique qui ressemble à un râteau) qu’il y aurait entre « 600 OOO et 1,8 million de joueurs pathologiques ! » Nous aurons l’occasion de revenir sur cette étude qui se déroule sur 5 ans. Mais en attendant nous invitons le lecteur à prendre connaissance des conditions méthodologiques fixées par le CRJE de Nantes : « Le CRJE recherche des joueurs à Paris et Colombes. Les conditions : avoir entre 18 et 65 ans, jouer au moins une fois par an, avoir joué l’année écoulée et … (la ça devient cocasse NDLR) « avoir l’impression de perdre le contrôle sur la pratique du jeu » Comme il n’est pas certain que ce protocole très scientifique ( sic) attire les joueurs le CRJE ajoute : « La participation a l’étude est indemnisée »
Autres informations, qui montrent une nouvelle fois le vrai visage de la Française des jeux : l’inflation de ses produits et les chances de gagner. L’opérateur historique profite du lancement de nouvelles formules ou de nouveaux jeux, pour augmenter fortement ses prix et diminuer tout aussi fortement, l’espérance-statistique qui permet de décrocher la cagnotte. Sur ce registre également FDJ se croit tout permis et elle se permet tout. Ainsi en 2008 le Loto passe de 1,2 euros à 2 euros. Une augmentation de 67 %. L’espérance-statistique de gagner évolue d’une chance sur I4 millions à une chance sur I9 millions. Pour le nouvel Euro Millions sorti en mai 2011, la FDJ fait encore plus fort. La probabilité de trouver les 7 bons numéros passe d’une chance sur 75 millions, à une chance sur 116 millions ! L’opérateur historique n’a pas eu le culot de dire que c’était pour lutter contre le jeu excessif qu’il changeait les règles. Il a insisté sur le pactole qui augmentait
En final chacun en conviendra la politique mise en œuvre par la Française des jeux n’a donc rien à voir avec une politique des jeux raisonnable, modérée et qui respecte sa clientèle. Elle apparaît au contraire comme une politique anti-consumériste de rentabilité accrue, qui abuse de sa position dominante et de son monopole. La FDJ agit de plus en plus comme un Etat ludique dans l’Etat Croupier, peu soucieuse en réalité de l’intérêt général et des Français qui jouent. Le PDG de la Française des jeux fait jouer – à une société qui ne lui appartient pas – un dangereux double jeu, qui risque à terme d’énerver le Président de la République et l’opinion. Cette duplicité risque également d’irriter Bruxelles et la Cour de justice Européenne. Certes, certains pourront considérer que Christophe Blanchard Dignac – responsable mais pas coupable – n’est après tout qu’un grand commis de l’Etat qui fait très bien son travail et remplit avec zèle les caisses du Trésor. Reste à savoir de quelle marge de manœuvre il dispose et si cette liberté n’est pas trop grande justement. Reste à savoir en outre si la politique des jeux de la France doit se décider à Bercy ou à Boulogne (siège de la FDJ). Reste à savoir si les excès de zèle du patron de la FDJ, sa politique expansionniste, sa boulimie et surtout sa duplicité, ne sont pas en réalité en contradiction avec la Politique des jeux responsable affichée par le gouvernement depuis quelques années, et inaugurée par Nicolas Sarkozy avec les casinos quand il était Ministre de l’Intérieur.
Dum félis dormit mus gaudet et exsilit antro*
© JP G. Martignoni-Hutin, Lyon, France, 175. Septembre 2011
* : Quand le chat dort, la souris en profite et sort du trou. Ce proverbe médiéval signifie que lorsque les chats ne sont pas là, les souris dansent. C’est à dire que lorsque les responsables font défaut, leurs subordonnés prennent toutes les libertés et la situation tourne rapidement à l’anarchie la plus totale
Gambling France : paris hippiques
« VA COMPRENDRE CHARLES ! »(*) : Le PMU dépassera pour la première fois en 2011 la barre des 10 milliards d’enjeux, dont 1 milliard sur internet
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Jean-Pierre G. Martignoni-Hutin ( sociologue)
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• Philippe Germond (PDG du PMU) peut se réjouir. La société qu’il dirige dépassera les 10 milliards d’euros cette année, si la tendance observée depuis 9 mois se poursuit. « Le PMU confirme au troisième trimestre la bonne croissance des paris hippiques et le succès de sa diversification » (1)
• Il faut dire que le pari mutuel urbain – 11 200 points de vente – a considérablement augmenté son offre et pratique « un marketing offensif » comme il le précise lui-même (2) Par ailleurs le nombre de courses a augmenté : pas moins de 1044 réunions hippiques en 2011, contre 978 l’année précédente. Dans la course événement l’argent joué se répartit désormais entre 12 jeux différents : quinté, quarté, tiercé, multi, 2 sur 4, simple gagnant et placé, couplé gagnant et placé, couplé ordre, trio, trio ordre ! Faites vos jeux, rien ne va plus, ça commence à faire beaucoup. A tel point que certains tirent la sonnette d’alarme, comme Eric Hintermann, Pdt de l’association nationale des turfistes (ANT) : « le turfiste ne sait plus sur quel cheval jouer, ni sur quelle réunion miser « (3)
• Il faut préciser également que le PMU ( deuxième opérateur mondial de paris hippiques) offre des pactoles dignes de Crésus. La cagnotte du Quinté Plus (la fameuse Tirelire) atteint actuellement 10,5 millions d’euros et augmente de 50 000 euros tous les jours. ( NB : Cette tirelire historique du PMU est tombée samedi 7 octobre, le lendemain de la rédaction de cet article). Ce cercle ludique vertueux du big win stimule les turfistes aguerris mais aussi les néophytes qui grâce à la formule Spot à 2 euros peuvent connaître les frissons du jeu, sans rien connaître au monde de cheval. Cette croissance (+7,7%) est d’autant plus spectaculaire qu’elle se réalise tous canaux confondus et que le réseau des nombreux point de vente n’est pas en reste ( +3,2%).
• Le problème ( social, politique…) c’est que cette croissance – P. Germond parle de « vraie dynamique – se fait sur fond de crise économique accrue. Ce « jouer plus pour gagner plus » déjà exploité avec succès par Christophe Blanchard-Dignac ( PDG de la Française des jeux) risque à terme de court-circuiter le – désormais célèbre – slogan présidentielle basé sur le labeur : « travailler plus pour gagner plus ». Cette offre qui augmente sans cesse, notamment du côté des deux opérateurs historiques, peut être objectivement considérée comme une incitation au jeu accru, en contradiction avec la politique de jeu responsable prônée par ailleurs par les pouvoirs publics. La clause de revoyure et la publication prochaine du rapport Trucy doit être l’occasion de relancer le débat sur l’économie des jeux dans son ensemble pour savoir si l’offre de jeux doit être totalement libre dans une économie de marché, ou si elle doit être régulée.
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• En attendant le PMU fait ses comptes et ils sont bons, notamment en matière de jeux en ligne. « La barre du milliard d’euros est déjà dépassée » (4) . Sur 9 mois , la croissance est spectaculaire pour les paris sportifs (42%) et pour le poker (23%). Les enjeux internet tous métiers confondus ont augmenté de 52,1 %.
• Si tout reste à faire en matière de sociologie des joueurs en ligne les statistiques de l’Arjel (5) permettent de dresser le profil sommaire des turfistes et d’apprécier le poids que représentent les courses dans les jeux d’argent sur internet.
• En nombre de comptes/joueurs ( moins de 150 OOO) les paris hippiques arrivent en deuxième position du gambling virtuel, loin derrière le poker cependant ( plus de 300 000). Mais la moyenne hebdomadaire de dépense des turfistes (125 euros) est supérieure à celle des paris sportifs (110 euros) et à celle du poker ( 80 euros). C’est un succès pour le monde des courses et la filière cheval. La progression du nombre de comptes joueurs turfistes actifs dessine une courbe ascendante, régulière et progressive. On reconnaît là, la constance du turfiste qui, quand il s’engage dans son « travail ludique » et dans l’aventure ludique du turf ( faire son papier, spectacle des courses, parier…), le fait généralement dans la durée. Même si un plus haut semble avoir été atteint en février 2011 rien n’indique que la légère décroissance observable depuis perdurera. Habitué depuis des lustres à jouer par minitel, téléphone, télé interactive… , de nombreux turfistes ont trouvé naturellement le chemin de l’internet ludique. En outre l’offre du PMU sur les mobiles a été enrichie et est désormais disponible sur l’ensemble des terminaux, smartphones et tablettes. La montée progressive de la courbe du nombre de compte joueurs actifs paris hippiques, soulignent en final leur passion assumée pour le turf. Il suffit d’ouvrir une fois Paris Turf – qui a désormais un concurrent Geny Courses – , pour comprendre quel labyrinthe ludique elles constituent.
• L’indicateur de supervision du régulateur permet également de dresser une « typologie sociologique sommaire » des turfistes en fonction de leurs caractéristiques ( âge, genre) et vis-à-vis des autres gamblers on line =
➢ La population qui joue aux paris sportifs en ligne apparaît nettement plus jeune ( 70 % ont moins de 35 ans dont 41% de 18-20 ) que celles des turfistes ( 26 % seulement ont moins de 35 ans) . ( voir tableau A ci dessous) A contrario les turfistes sont essentiellement des adultes matures (74% de 35 ans et plus) dont une population de 65 ans et plus non négligeable ( 9%) Les joueurs les plus âgés ( 55 ans et plus) qui s’adonnent au gambling sur internet, pèsent pour 27 % en matière de paris hippique, alors qu’ils relèvent de l’épiphénomène pour le poker et les paris sportifs : 4%, dont 1% seulement pour les plus de 65 ans.
Tableau A
Tranches d’âge Jeux de cercle, poker Paris hippiques Paris sportifs total
18-24 25 9 41 100%
25-34 43 17 29 100%
35-54 28 47 26 100%
55-64 3 18 3 100%
65 ans et plus 1 9 1 100%
total 100% 100% 100%
➢ Les paris hippiques ( y compris quand ils s’exercent via le web) semblent conserver l’image d’un jeu réservé à une population mature, à des initiés qui ont accumulé expériences, connaissances et compétences en matière de turf au cours de leur « carrière » de joueurs, et notamment les 35-54 ans. (47%) Si elle possède un revers de médaille ( les jeunes adultes sont peu attirés par les paris hippiques y compris quand ils s’exercent en ligne : 9%), cette image a l’énorme avantage d’attirer une forte population de seniors – les 55 ans et plus – qui ne semble pas effrayer par la modernité des paris hippiques sur internet, alors que cette même catégorie fuit pour l’instant d’une manière assez radicale le poker et les paris sportifs. Le fait que les populations turfistes soient plus âgées que les autres populations joueuses, ne signifie donc pas qu’elle soient rétrogrades en matière d’évolution technologique. En final les paris hippiques – un jeu qui a une longue histoire – semblent posséder une base économique, financière, culturelle, sociologique plus solide que les paris sportifs, activité ludique relativement récente qui a en outre connu de nombreux soubresauts quand la Française des jeux a commencé à les exploiter. Cette base structurelle bien ancrée dans la culture populaire, expliquerait « l’homogénéité progressive tranquille de la courbe des comptes joueurs actifs hippiques », alors que celle des paris sportifs constitue une succession de montagnes russes… qui donne mal au cœur à certains opérateurs, au point que certains ont déjà jeté l’éponge.(TF1/Eurosportbet)
➢ Le genre apparaît comme une variable très discriminante pour les jeux en ligne. Les jeux d’argent en ligne sont très majoritairement pratiqués par les hommes (88%) La gente féminine participe très peu pour l’instant au gambling virtuel (12 %). Elle est nettement sous représentée, par rapport au poids qu’elle occupe dans la société française (51,4%). Pour les paris hippiques même si la tendance globale est similaire (81% d’hommes) ( tableau B ci-dessous ) le « deuxième sexe » apparait largement représenté ( 19 % de femmes). Si le monde du cheval, la filière et pout tout dire le PMU – qui bataille depuis des années sur ces deux questions : âge et genre – ne semble pas avoir complètement réussi complètement à rajeunir sa clientèle, pour atteindre « l’identité d’une marque populaire transgénérationnelle » ( l’expression est de Benoit Cornu directeur de la communication du PMU (6) il semble par contre avoir réussi le pari de la féminiser davantage. Ces chiffres reflètent cette féminisation accrue, qui profite à l’ensemble des opérateurs hippiques et pas seulement au PMU. Traditionnellement associé au Bar PMU, univers masculin populaire de riches sociabilités interlopes mais aussi de fortes promiscuités longtemps enfumés et parfois alcoolisées, les paris hippiques à domicile sur internet ont visiblement attiré les femmes, davantage en tout cas que le poker et les paris sportifs virtuels.
Tableau B
genre homme femme total
Jeux de cercle poker 91 9 100%
Paris sportifs 92 8 100%
Paris hippiques 81 19 100%
➢ La dernière information donnée par l’indicateur de supervision concerne « l’argent du jeu », la distribution des mises engagées . L’enseignement principal apparaît assez remarquable : 76 % des mises sont jouées par 10 % des joueurs, aussi bien pour le poker que pour les paris sportifs. Plus spectaculaire encore : 1% des joueurs génèrent 51 % des mises pour ces deux types de jeu. Même réduite à cette dichotomie primaire et binaire, l’information apparaît importante. Le marché des paris en ligne est extrêmement concentré.
➢ Un calcul secondaire permet de connaître la moyenne jouée « par trimestre » en prenant la base de « plus ou moins 1OO euros » pour les paris sportifs, hippiques et les tournois de poker. Deux catégories se dégagent
• une première catégorie de joueurs composée de deux populations. Une population majoritaire( entre 61 et 70 %) qui joue moins de 1OO euros par trimestre, une deuxième non négligeable ( de 35 à 39 %) qui engage 100 euros et plus dans les paris sportifs ou dans les tournois de poker
• une deuxième catégorie qui à l’inverse est composée d’une population de turfistes en ligne qui jouent majoritairement (54%) plus de 100 euros par trimestre
Type de jeux Pourcentage de joueurs misant moins de 100 euros par trimestre Pourcentage de joueurs misant plus de 100 euros total
Paris sportifs 61 39 100%
Paris hippiques 46 54 100%
Poker ( tournois) 65 35 100%
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Ces quelques éléments – loin d’être exhaustifs – confirment qu’une sociologie du gambling virtuel est nécessaire. Elle informerait objectivement les différents acteurs du champ et éviterait bien des instrumentalisations. Il convient une nouvelle fois de rappeler aux pouvoirs publics que c’est à l’ARJEL et Observatoire des jeux (ODJ) de réaliser ce travail de recherche et sans doute pas à l’Observatoire de lutte contre la toxicomanie, ou à la doxa du jeu pathologie en conflits d’intérêts dans cette affaire. Charles et les 6,5 millions de turfistes ne comprendraient pas que le Pouvoir (7), qui cherche plus que jamais à se rapprocher du Peuple et à le représenter, assimile leurs passions ordinaires (8) pour le jeu – ici pour les courses – à une drogue. La profession – ici le PMU/PMH et l’ensemble du secteur et de la filière cheval – ne comprendrait pas que leur métier soit associée au cartel de Medellin et que la culture du turf soit associée à une pathologie.
© JP Martignoni , Lyon, France, octobre 2011, 185.
(*)Phrase célèbre d’André Pousse ( décédé en 2005) comédien qui symbolisait bien le coté populaire du monde des courses. Phrase culte prononcée par André Pousse en réponse à Guy Marchand dans une publicité pour le Pari Mutuel Urbain des années 1990. Le slogan de cette publicité était « Avec le PMU, aujourd’hui on joue comme on aime », et ces acteurs français (incarnant des parieurs chevronnés) s’étonnaient que les nouveaux joueurs gagnent, alors que ces derniers basaient leurs jeux sur le nom des chevaux, leurs dates de naissances et autres détails sans rapport avec la course. Dans la publicité télévisée, elles jouent au hasard, […], les hommes sont sur l’hippodrome et se gaussent gentiment des femmes qui jouent leur date de naissance mais gagnent néanmoins : va comprendre Charles ! — (Jean-Pierre Martignoni-Hutin, Faites vos jeux : essai sociologique sur le joueur et l’attitude ludique, L’Harmattan1993, p.159)
Notes
(1) « Le PMU confirme au troisième trimestre la bonne croissance des paris hippiques et le succès de sa diversification » Communiqué de presse du PMU, 5 octobre 2011, 2 pages
(2) Communiqué de presse du PMU, 5 octobre 2011, ibidem
(3) Isabelle Toussaint : « hippisme trop de courses tue les courses ? ( Dépêche APF du 12 mars 2011)
(4) Christophe Palierse , Le PMU dépasse le milliard sur internet « (Les Echos du 6 octobre 2011)
(5) « Indicateurs de supervision : données trimestrielles « ( Arjel, 11 avril 2011, 8 pages)
(6) « Benoit Cornu, l’ouverture des paris en ligne a créé pour le PMU une opportunité de renouvellement « ( Igamingfrance.com , 20/10/2010)
(7) À paraître en novembre dans la revue Pouvoirs : JP Martignoni :« Une sociologie du gambling contemporain » ( Pouvoirs n°139, Les jeux d’argent, novembre 2011, 51-64)
(8) A lire ou à relire : C. Bromberger, Passions ordinaires, Bayard Editions, 1998, JP Martignoni : “Jeux, joueurs, espaces de jeu : le Course par Course du P.M.U.“ (Ethnologie Française n° 4, octobre, décembre 1992, 472-489) JP Martignoni : « Le Turfiste » (Les Cahiers de l’Imaginaire n°9, 1993, 59-90) JP Martignoni : « Jeux, joueurs, espaces de jeu : l’exemple des paris hippiques « (Migrants Formation n°96, Mars 1994, 103-116)